Lentilles et chirurgie : combo gagnant !

Amandine Desmarest Mlle E., 17 ans, nous est adressée en consultation pour une adaptation en lentilles rigides (LRPG) dans les suites d’une photokératectomie thérapeutique pour une dystrophie cornéenne associée à une myopie forte. La dystrophie de Reis Buckler dont elle est atteinte, est une dystrophie héréditaire de transmission autosomique dominante, caractérisée par une atteinte de l’épithélium cornéen et ­responsable d’ulcérations cornéennes récidivantes causant douleurs superficielles, photophobie et ­larmoie­ment. Une baisse d’acuité visuelle apparaît généralement vers la deuxième ou la troisième décennie, en lien avec l’apparition d’opacités réticulées diffuses. C’est une pathologie rare dont la prévalence est estimée à moins d’un cas pour 1/1 000 000 [1-3].

Observation Mlle E. a bénéficié d’une première adaptation en LRPG à l’âge de 15 ans, mais sans succès en raison d’ulcérations récidivantes qui entraînaient un inconfort. Deux ans plus tard, la jeune patiente nous est réadressée pour un nouvel essai, après une photokératectomie thérapeutique bilatérale ayant permis la diminution des opacités réticulées centrales responsables d’une baisse d’acuité visuelle (figure 1). Nous réalisons dans un premier temps une adaptation en LRPG sphériques qui est satisfaisante avec les paramètres retenus (tableau). La figure 2 montre l’aspect après l’adaptation.

Malheureusement, au bout de quelques mois, la patiente arrête le port des lentilles en raison d’un inconfort dû à des douleurs récurrentes. Dans ce contexte, une nouvelle adaptation par des lentilles minisclérales lui est proposée (15 mm de diamètre), dans l’objectif de diminuer le risque d’ulcération cornéenne (figure 3).

Discussion
L’adaptation en lentilles minisclérales de Mlle E. est une réussite, avec une nette amélioration du confort optique, du confort de vie et un bénéfice sur la qualité de vie avec réduction de l’absentéisme scolaire lié aux épisodes ­d’ulcé­ration. Cependant, au fil des mois, la patiente a abandonné le port des lentilles du fait de son appréhension à la dépose de la lentille et ce, malgré plusieurs consultations de contrôle au cours desquelles une infirmière habilitée lui a expliqué les techniques de pose/ dépose et la manipulation.

Conclusion
La contactologie possède des indications à visée ­thérapeutique dans la prise en charge des dystrophies ­cornéennes, et tous les types de lentilles peuvent être utilisés. Quelle que soit la pathologie du patient, l’adaptation en lentilles, en particulier rigides, nécessite d’une part la motivation et l’implication du patient (et des parents pour les enfants), et d’autre part la mise en confiance du patient par le médecin. Plusieurs consultations sont en général nécessaires ainsi qu’un temps dédié à l’explication du rôle de la lentille et surtout de sa manipulation, cette dernière pouvant être déléguée à une infirmière spécialement formée.

Références bibliographiques
[1] Les adolescents et les lentilles de contact. Rapport de la SFOALC. Medline. 2022.
[2] Atia R, Jouve L, Georgon C et al. Imagerie de la dystrophie cornéenne de Reis-Buckler. J Fr Ophtalmol. 2019;42(1)105-7.
[3] Klintworth GK. Corneal dystrophies. Orphanet J Rare Dis. 2009;4:7.

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