Microscopes opératoires : la 3D en ophtalmologie
Les progrès de la réalité augmentée dans divers champs technologiques sont fascinants. Depuis quelques années, les pilotes de chasse bénéficient de projections 3D dans leurs casques de combat, avec visualisation dite « tête haute » de leurs indicateurs de navigation. Il en est à présent de même pour les chirurgiens, avec l’injection de données incrustées en temps réel dans leur champ opératoire, mais aussi la disparition des oculaires imposant une attitude statique et fatigante pour le système musculo-squelettique des opérateurs. La numérisation de l’image non plus capturée par la rétine du chirurgien mais par des caméras haute résolution permet l’implémentation de nombreuses fonctionnalités qui améliorent le confort du patient, la sécurité de l’intervention et les performances du chirurgien. Les différents temps opératoires peuvent ainsi être guidés par des informations incrustées dans le champ de vision. Citons par exemple l’identification du patient, l’injection des aides au calibrage virtuel du capsulorhexis, au positionnement des implants, de certains examens préopératoires ou de données dynamiques provenant d’OCT ou de phaco-émulsificateurs en peropératoire. L’intérêt pédagogique est également à souligner grâce à des systèmes d’enregistrements vidéo intégrés et au partage du champ de visualisation avec toute l’équipe présente dans le bloc opératoire.
Mais cette révolution a un coût et impose une nouvelle organisation dans la routine des blocs opératoires. J’ai ainsi demandé à plusieurs utilisateurs, précurseurs dans l’intégration des différents systèmes disponibles sur le marché, d’apporter leur témoignage sur les avantages et les limites de ces nouveaux systèmes.
Dans ce dossier vous pourrez lire l’expérience de Marc Muraine sur les nouvelles possibilités ergonomiques offertes grâce aux microscopes 3D pour l’opération de patients demi-assis. Otman Sandali apporte sa grande expertise dans la gestion judicieuse des filtres numériques afin d’obtenir plus d’efficacité de visualisation pour certains temps chirurgicaux. Alain Saad et Nicole Mechleb font le point sur la plateforme SeeLuma™ de Bausch+Lomb, François Lignereux sur la NGenuity® d’Alcon et Vincent Daien sur la Artevo 800® de Zeiss. À vous de juger.
J’espère éveiller votre curiosité et vous donner l’envie de changer vos habitudes pour tenter une nouvelle expérience chirurgicale avec les microscopes 3D dont les champs d’action progressent rapidement et promettent une nouvelle aire chirurgicale en ophtalmologie.
Bonne lecture !
David Touboul
Centre de référence national du kératocône,CHU de Bordeaux,
Rédacteur en chef des Cahiers d’ophtalmologie