Rejet de greffe de cornée : des nanoparticules plutôt que des corticostéroïdes topiques
Les principales difficultés liées au traitement par corticostéroïdes topiques pour éviter le rejet après une greffe de cornée sont connues : risque d’augmentation de la pression oculaire et mauvaise observance du traitement par le patient, pouvant conduire à une nécessaire nouvelle greffe.
Pour contourner ces obstacles, des chercheurs américains ont développé des formulations à base de phosphate sodique de dexaméthasone, encapsulé dans des nanoparticules. Les scientifiques ont testé leur dispositif (à des doses de 800, 400, 200, et 100 µg) sur des rats ayant subi une greffe de cornée. Six mois après une injection unique, seuls 2 rats sur 24 ont été victimes d’un rejet de greffe, l’un, un mois après l’opération, dans le groupe ayant reçu 400 µg ; l’autre, six mois après l’opération, dans le groupe ayant reçu 800 µg. Plus encourageant encore, une seule injection pour des rats chez qui les chercheurs avaient laissé se développer les premiers signes de rejet a suffi à faire disparaître ceux-ci et à assurer la survie de la greffe pendant six mois. Quant aux effets secondaires ? Aucune augmentation de la pression intraoculaire n’a été observée au cours des six mois de suivi et si une perte de poids a bien été observée chez les animaux ayant reçu des doses de 800 ou 400 µg deux semaines après l’injection, celle-ci a ensuite été stabilisée et les rats ont même repris du poids. Aucun signe de cataracte ou de changement histologique n’a été détecté dans la cornée des modèles non plus.
Tuo Meng, Jinhua Zheng, Min Chen et al. Six-month effective treatment of corneal graft rejection. Science Advances. mars 2023.
N. Le Jannic

Légende : Une seule injection de nanoparticules (PLA DSP-NP) a permis d’inverser les premiers signes de rejets chez des rats ayant subi une greffe de cornée. Cela se constate sur l’opacification de la cornée (C), l’œdème (D), la néovascularisation (E), le score clinique total (F) et la courbe de survie du greffon (G).