Lumière sur
l'éphithélium pigmentaire
Chers collègues et lecteurs,
En cette rentrée, notre dossier est consacré aux lésions de l’épithélium pigmentaire, qui peuvent être la conséquence ou même la cause de nombreuses pathologies. L’épithélium pigmentaire rétinien joue un rôle vital pour le maintien de l’homéostasie de notre rétine en assurant de nombreuses fonctions telles que l’absorption de la lumière, la barrière hémato-rétinienne externe, la phagocytose des débris photorécepteurs et la régulation du cycle visuel. Ainsi, les lésions perturbant ces fonctions cruciales de l’épithélium pigmentaire peuvent entraîner une accumulation de liquide sous- ou intrarétinien, mais également une élongation puis une perte des segments externes des photorécepteurs.
Le décollement de l’épithélium pigmentaire (DEP) est une lésion fréquente et de diagnostic aisé en OCT, toutefois déterminer son origine peut être plus complexe. Il se trouve associé à des pathologies variées, telles que la dégénérescence maculaire liée à l’âge, les pachychoroïdopathies ou pathologies inflammatoires. Dans le cadre d’une DMLA, savoir différencier un DEP vasculaire d’un DEP avasculaire sera bien sûr primordial pour ne pas prescrire d’injections inutiles. Même dans le cas d’un décollement séreux rétinien (DSR) associé, le DEP peut être non vascularisé, notamment lorsque le DSR se situe au sommet du DEP et est en lien avec l’altération de la fonction de la pompe épithéliale. Une analyse fine de l’imagerie multimodale est donc le plus souvent nécessaire.
Au stade ultime d’atrophie de l’épithélium pigmentaire, la fragmentation de sa ligne hyperréflective et l’hypertransmission postérieure seront visibles en OCT. Cependant, avant ce stade ultime de perte cellulaire, le dysfonctionnement des cellules de l’épithélium pigmentaire n’est pas apparent en OCT. Pour le détecter, il convient d’analyser les clichés d’autofluorescence et de l’angiographie au vert d’indocyanine (ICG). Plus précisément, une hypofluorescence prolongée sur les clichés tardifs de l’angiographie au-delà de 30 minutes témoigne de la perte de la capacité des cellules de l’épithélium pigmentaire à internaliser l’ICG, qui se retrouve dans les pathologies inflammatoires.
En conclusion, les lésions et les décollements de l’épithélium pigmentaire continuent de représenter un défi clinique et voici donc un dossier riche en sémiologie pour cette rentrée.
Bonne lecture
Aude Couturier
Hôpital Lariboisière, Paris,
Directeur scientifique des Cahiers d’Ophtalmologie